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Interview : « L’économie doit être au service de la société »

Mis à jour le 07 Nov 2024
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Pour Laurence Méhaignerie, cofondatrice de Citizen Capital, l’investissement à impact n’est pas une tendance mais une nécessité. L’économie doit être réorientée vers la réponse aux besoins fondamentaux de la société et de la planète.

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Une vision « core business » de l’impact

Citizen Capital défend une approche de l’impact ancrée dans le cœur du modèle économique des entreprises. L’objectif n’est pas de reverser une partie du chiffre d’affaires à des associations, mais bien de bâtir des entreprises dont l’activité principale génère un impact tangible.

Trois dimensions sont clés :

  • Profondeur du besoin : l’entreprise répond-elle à des enjeux fondamentaux tels que la santé, l’éducation, le vieillissement ou la transition bas-carbone ?

  • Intentionnalité : les dirigeants portent-ils une vraie vision de transformation sociale ou écologique ?

  • Additionnalité : le projet apporte-t-il une innovation réelle sur son marché, ou se contente-t-il de reproduire l’existant ?

À ces critères s’ajoutent l’accessibilité des produits et services, l’alignement entre impact et modèle économique, et l’anticipation des externalités négatives.

Mesurer et suivre l’impact

Une fois l’investissement réalisé, Citizen Capital co-construit avec les dirigeants un business plan d’impact. Celui-ci définit des indicateurs alignés avec la raison d’être de l’entreprise et conditionne même une partie du carried interest des équipes (50 %) à la performance sociale.

La question de la poursuite de la mission au moment de la sortie est aussi anticipée, afin d’éviter que l’impact ne disparaisse avec un changement d’actionnaire.

Les contrats à impact, une innovation pour les politiques publiques

En 2023, Citizen Capital a lancé Citizen CIS, premier fonds indépendant dédié aux contrats à impact. Ces dispositifs tripartites associent l’État, des associations et des investisseurs privés. Ils financent des projets sociaux ou environnementaux sur lesquels les politiques publiques peinent à avancer, par exemple la réinsertion professionnelle, la réduction de la récidive ou l’égalité des chances.

Exemples :

  • Article 1 et Télémaque pour accompagner les jeunes issus de milieux modestes dans leurs parcours scolaires et universitaires,
  • Mozaïk RH pour faciliter leur accès à l’emploi,
  • Les Eaux Vives à Nantes, qui soutient des personnes souffrant de troubles psychiques légers vers un emploi durable,
  • un projet pilote de transition écologique des crèches.

Impact et performance : une fausse opposition

L’idée que l’impact se ferait au détriment de la rentabilité est un mythe. Citizen Capital constate, après quinze ans d’expérience, qu’il est possible de marier impact et performance financière. Son deuxième fonds affiche un multiple supérieur à 2.

Néanmoins, Laurence Méhaignerie insiste : la rentabilité du capital doit rester un moyen et non une fin en soi. Certaines initiatives, comme Citizen CIS, offrent des rendements plus modestes mais permettent un impact démultiplié. L’enjeu est de combiner des fonds performants et des fonds exploratoires pour ouvrir de nouveaux chemins.

Éviter la financiarisation des besoins essentiels

Dans des secteurs sensibles comme la santé ou l’éducation, l’obsession de la rentabilité rapide peut conduire à une détérioration de la qualité. Il n’est pas logique, estime Citizen Capital, d’attendre des multiples de x3 sur des structures de soins primaires.

L’approche doit être plus raisonnable :

  • privilégier des horizons longs,

  • maintenir des exigences d’accessibilité et de qualité,

  • intégrer une gouvernance ouverte aux parties prenantes.

C’est le sens de l’engagement précoce de Citizen Capital comme entreprise à mission, un cadre qui ancre la mission d’intérêt général dans la gouvernance même des sociétés.

Passer à l’échelle : le défi de l’investissement à impact

Malgré sa progression, la finance à impact reste marginale dans le paysage de l’investissement. Le frein principal : la valeur de l’impact n’est pas encore objectivée dans les décisions d’allocation de capital.

Pour Laurence Méhaignerie, il faudra demain évaluer la rentabilité d’un investissement non seulement en termes financiers, mais aussi à l’aune de son empreinte carbone, de son effet sur la biodiversité, et de son impact sur les populations vulnérables.

Cela suppose d’accepter des renoncements sur certains modèles économiques devenus insoutenables, et d’investir dans la transformation des entreprises traditionnelles. L’innovation peut jouer un rôle de fer de lance, en inspirant l’économie classique à basculer vers des modèles plus responsables.

Conclusion

L’investissement à impact n’est pas une niche, mais une réponse stratégique aux défis de notre époque. En plaçant la société et la planète au cœur du modèle économique, il redéfinit la notion même de performance.

« La rentabilité du capital est un moyen, pas une fin en soi », rappelle Laurence Méhaignerie. Une conviction qui trace la voie d’une finance alignée avec l’intérêt général.

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